vendredi 10 juillet 2009

Michel Onfray voit la lumière

Agréable surprise dans le dernier numéro de Siné Hebdo: en page 4 le philosophe Michel Onfray opère une conversion des plus radicales. Il est devenu Pentecôtiste. Non, je déconne, simplement il a enfin prit le temps d'examiner une de ses plus agaçantes marottes: la psychanalyse de bazar (il n'y en a pas d'autre, pardon pour le pléonasme). Vous voyez, j'aime bien Onfray, ses livres, ses chroniques, ses CDs. Son athéisme revendiqué et sans fioritures est une singularité franchement réjouissante dans le paysage intellectuel francophone (non, le pays de Descartes n'a absolument rien de "cartésien"). Son approche contre-historique et son intérêt pour les choses du corps, sa volonté d'opérer à un niveau alternatif, tout ça est fait pour me plaire. Mais il y avait un problème (enfin deux, l'autre est quand même une certaine tendance à mépriser tout académisme qui est un peu exagérée, il n'y a pas que des vendus à l'uni). Un problème majeur, disais-je, qui était une référence quasi-constante à des concepts psychanalytiques, et à faire comme s'il s'agissait là de faits éprouvés et légitimement applicables à n'importe quel contexte. Je pourrais retourner dans mes bouquins et donner des exemples, mais j'ai un peu la flemme. Mais ça me rendait vraiment dingue de lire des choses du genre "la psychanalyse a montré que...", "on sait bien depuis Freud que...", "la pulsion de mort dominait le principe de réalité...", gningningnin. Très énervant, surtout quand un argument peu aussi bien se passer de ces fadaises (s'il ne peut pas, c'est qu'il y a vraiment un problème avec votre argument...).

Enfin bon, tout ça c'est terminé maintenant. Michel Onfray a fait quelques (bonnes) lectures, et il s'est enfin aperçu que la psychanalyse est pour l'essentiel un tissu d'absurdité (et en plus, désolé Michel, mais c'est une saleté de truc pour bourgeois). la confession qu'il fait est des plus édifiantes je trouve, on lit rarement des choses comme ça, surtout sous la plume d'un philosophe:
"Soucieux de préparer mon prochain cours à l'université populaire de Caen, je me suis enquis de la documentation des anti-freudiens et des adversaires de la psychanalyse afin de prendre connaissance de leur dossier. Et, patatras, leur plaidoirie est tellement convaincante qu'il me faut consentir à une révision totale...
Freud a menti, falsifié, trompé. Il a écrit sa légende (ce que deux ou trois aigrefins de la philosophie contemporaine ont également compris...), pratiqué en chef de bande, sinon en patron de secte, avec adoubements, puis exclusions, dénigrements, médisances..."
Etc. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Mais il y a un problème. L'escroquerie qu'est la psychanalyse n'est pas à mettre sur le dos de Freud. Bien sûr, c'était une personne complexe et franchement assez peu recommandable. Mais il y en a eu des tonnes comme lui, a proposer des théories absurdes et des systèmes d'explication universelle. Mais ce n'est tout de même pas de sa faute si longtemps après sa mort on continue à enseigner et pratiquer son invention idiote. Onfray y voit maintenant "un formidable matériau pour voir comment se crée une religion, autrement dit une hallucination collective!". Certes, mais la psychanalyse n'aurait précisément jamais survécu si longtemps si des gens comme Onfray n'en avaient pas candidement semé la bonne parole. Le philosophe "alternatif" doit maintenant se demander pourquoi il a souscrit si longtemps et sans se poser de questions à un système complètement ridicule qui n'a jamais reçu de validation scientifique ni sur le plan de la théorie et encore moins sur le plan de la pratique. Il a évidemment cédé à quelque chose qu'il trouvait séduisant (pourquoi séduisant?), efficace (efficace en quoi?), et de manière générale il s'est dit que la psychanalyse était du "bon côté" (alors que la scientologie, par exemple, est d'emblée perçue du "mauvais côté"). C'est ça que j'aimerais bien comprendre: pourquoi des gens généralement instruits, intelligents et autrement assez perspicaces dans la détection de balivernes, se figurent qu'il y a quoi que ce soit de valable et d'utile dans la psychanalyse. C'est quelque chose qui me dépasse complètement.

13 commentaires:

  1. Vous avez pratiqué pour affirmer de telles choses? comme c'est facile de démolir ( onfray en connait un rayon)mais demandez donc à tous ceux qui ont vu leur vie changer ( vous préférer dire qu'ils ne sont pas " guéris") oui c'est avec des gens comme vous ( dépassé ) comme vous dites que la psychanalyse devient ce que vous en faites. Mais Michel Onfay se trompe de combat un os de plus à ronger même si c'est avec talent ne convaincra que les " contre" les résistants à tout travail sur leur inconscient ( ça existe d'après vous??) Ou il vous dépasse?? alors en ce cas vite chez les anti freudiens.. Vous verrez dans quel état vous en ressortirez et vos symptômes vous éclaterons à la figure ..et vous ne comprendrez jamais rien.. Mais c'est bien de vivre aveugle à soi même.. c'est l'époque et la mode.. et c'est tellement plus rentable pour la société et l'industrie phamaceutique . vous devriez creuser le sujet..

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  2. Cher anonyme (19 juillet 17:59),
    il y a plusieurs arguments qui sont-soujacents à votre enthousiaste tirade:
    1) pour pouvoir critiquer la psychanalyse, il faut avoir "pratiqué"
    2) l'avis de "ceux qui ont vu leur vie changer" discrédite d'emblée toute forme de critique contre la psychanalyse
    3a) la critique contre la psychanalyse ne peut convaincre que ceux qui rechignent à faire "un travail sur son inconscient"
    3b) ceux qui critiquent la psychanalyse n'ont pas accomplit de "travail sur leur inconscient"
    4) toute approche qui n'est pas "pro-psychanalyse" ne peut qu'aggraver les symptômes
    5) les symptômes sont des choses qui "éclatent" si on ne suit pas une cure psychanalytique
    6) sans la psychanalyse, on ne comprend rien aux "symptômes", et on demeure "aveugle à soi même"
    7) le courant anti-psychanalyse peut tout à fait s'expliquer par "l'époque et la mode"
    8) le courant anti-psychanalyse est de mèche avec l'industrie pharmaceutique
    9) critiquer la psychanalyse implique nécessairement que l'on a pas suffisamment "creusé le sujet"

    Je n'en partage absolument aucun. Vous n'avez aucune preuve pour aucun des arguments que vous avancez confusément ici.

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  3. Cher Sebastian,

    Les propos de Onfray que vous citez et l'interprétation éclairée que vous en faites me rappellent ces mots de Descartes (puisque vous l'évoquez) :

    "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en tout autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont."

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  4. Il était plus que temps que Michel Onfray se rende compte des problèmes liés à la psychanalyse...

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  5. si une analyse ne guérit pas ou que partiellement, elle permet certainement d'aller mieux, d'être plus libre, mon existence a comme quelque chose de plus, un pas grand chose sans doute, mais qui fait la différence et c'est là l'essentiel. mais bien sur chacun ne peut parler que de son expérience et c'est la mienne. quant à Mr Onfray : lol. rien de plus

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  6. Jean Michel, vous parlez des problèmes de la psychanalyse, mais quels sont-ils?

    Raphaël

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  7. Avant Michel Onfray, ne pas oublier Gérard Zwang et son livre "La statue de Freud", éd. Michel Laffont
    http://www.enfant.org

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  8. C'est un peu dommage d'avoir si peu de place pour écrire sur ton blog. J'avais une réponse argumentée à tes propos, ce qui exige donc de la place, mais mon message a dépassé la limite autorisée.
    MB

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  9. L'opposition entre neuroscience et psychanalyse est stupide et ceux qui s'adonnent à ces querelles de clocher sont des imbéciles.

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  10. Le problème de la neuroscience est de ne pouvoir se revendiquer des sciences humaines... et de prétendre pourtant se présenter comme une alternative possédant quelques solutions en la matière...

    Par ailleurs, là ou il s'agit de guerir et donc de faire du fric, chez les ...listes, ...chiatres, ...peutes, neuro..., j'en passe et des meilleurs, les dogmatiques ont toujours raison... au service de l'ordre (médico-social) au pouvoir du moment...
    l'industrie labo/pharmaceutique liée aux ultra libéraux en ce moment, je vous apprends rien...

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  11. Michel Onfray est un sothomme; depuis longtemps je me le disais -
    et que la médiatisation aujourd'hui couronne les bouffons rois et que ce n'est plus drôle du tout! Moi qui aimaient... les bouffons, je m'aperçois que lorsqu'ils sont devant la scène c'est rarement pour nous amuser, mais pour soulager une drôle de haine ... Depuis longtemps l'écoutant de ci de là, je me disais: qui est ce petit garçon en colère...
    moi qui me laisse aller à l'écoute de mes fantasmes chaque fois que je le voyais j'avais l'impression de voir ses culottes courtes et ses petites jambes d'enfant rageur... je suis très attentive à ces petits signes de rien qui viennent me renseigner sur ce que je vois ... de l'intérieur!
    L'autre jour, j'ai vu un bébé mégalo à la télé, qui avait trouvé une autre raison à sa colère: Freud! Un imposteur! hep bébé et si l'imposteur n'était pas celui que tu accuses?
    C'est pas dérangeant au fond il est juste en accord avec l'ombre qui se répand partout partout!
    ... Bêtise pour bêtise j'ai zappé, et suis tombée sur une nourrice de télé devant des bouts d'chou en colère et j'ai souri.
    Ailleurs on voyait un gros bébé un peu bègue, totalement mégalomane qui venait de remporter la faveur et les sous du public... et je trouvais une telle ressemblance avec le petit Onfray que j'ai souri

    Monsieur le petit Onfray vous êtes si télévisuel à l'époque des pensées courtes et des bébés en colère qui veulent occuper tout le miroir!!!
    Mais ne prenez pas vos colères pour des pensées; certaines témoignent seulement d'une mauvaise digestion.

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  12. Voyons le problème par l'autre bout de la lorgnette, celui du capital. M'est avis que les psychanalystes de tout acabit et philosophes freudiens & Al n'auraient plus grand commerce une fois leur clientèle disparue... mais rassurez-vous, j'apprends que les Français sont les plus grands consommateurs de divans... il y a quelque chose qui me dit que le système n'est pas près de tomber.

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  13. Un peu tard certes, mais merci pour ce billet presque aussi jubilatoire que le livre d'Onfray lui-même.

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