Dans ses propres termes: "...je m'emploie à me rendre incomestible, c'est-à-dire à ne pas être appréciée par les gens dont je ne veux pas l'être".
Impressionnant, non? Voila qui est parfaitement adulte, raisonnable et pertinent pour quelqu'un qui prétend tenir une réflexion sur la pratique de la science, le discours de minorités et le pouvoir des experts. Les gens dont je n'aime pas la gueule? Ceux dont je sais d'avance qu'ils vont trouver des failles dans mes raisonnements? Je les emmerde, de sorte à être sûre de ne pas être appréciée par eux. Na. Du très haut niveau, surtout pour une philosophe. Mais de qui parle-t-elle, au fait? Qui sont ces horribles individus qui doivent être privés de bouffer du Stengers? Et bien comme d'habitude, on ne sait pas trop. Voyez-vous, chez Stengers, c'est très important de passer pour une rebelle sans toutefois dire les choses clairement. Mais elle laisse tout de même des pistes:
Pour ceux qui se posent la question, sachez que j'ai lu certains livres de Stengers, et j'avais alors ressenti une tristesse comparable à celle qui m'avait étreint lorsque j'avais tenté de lire Roudinesco. C'est qu'à partir d'un certain degré, la bêtise ne met plus en colère, elle file juste le cafard. Un exemple particulièrement déprimant, c'est Médecins et Sorciers, co-écrit avec Tobie Nathan. L'horreur absolue, si j'arrive à remettre la main dessus, j'en parlerai peut-être un de ces jours, histoire d'exorciser ce mauvais moment de lecture que j'ai cherché à refouler sans grand succès depuis. Bref, avec Stengers, c'est de la mélancolie en bloc qui vous arrive dans la figure, toujours avec cet arrière-goût d'à-quoi-bon apte à vous fiche en l'air tous vos projets pour le reste de la journée, parfois de la semaine.
Mais au moins, dans cette interview, on comprend mieux la blessure narcissique qui travaille la malheureuse depuis tant d'années. Une carrière entière basée sur l'échec. "Perdue pour la science", certes, mais aussi perdue pour la philosophie, pour la littérature, pour la pensée. Bienvenue en France, où le dernier des losers peut mener une carrière en étant constamment, et fièrement, et peut-être même consciemment, dans l'erreur, sans que personne ne s'en offusque jamais et sans se faire mettre à la porte. Voici comment tout à commencé, apparemment:
Bon, le reste de l'interview est assez insipide, on apprend qu'Isabelle Stengers est anticapitaliste, et qu'elle est du côté de la veuve et de l'opprimé. C'est encore une de ces rebelles dont l'énergie est entièrement canalisée par le besoin permanent de se savoir dans le camp des gentils. Oui, isabelle, tu es dans le camp des gentils, ne t'inquiète pas. Les scientifiques, c'est des méchants pas drôles vendus au système; les sorcières, c'est des femmes courageuses et vaillantes qui ne craignent pas d'envisager un autre modèle de société; les drogués, c'est des révoltés qui disent merde au système; l'hypnose, c'est une écharde embarrassante sous le pied des savoirs officiels; etc. D'ailleurs, il y a des évidences que le paradigme capitaliste et scientiste dominant n'ose pas dire, comme par exemple:
"Au cours de ma troisième année de chimie, en 1969, j'ai réalisé que j'avais appris la physique quantique comme un savoir constitué, sans en percevoir les problèmes. Lorsqu'ils se sont posés à moi, j'ai conclu que j'étais perdue pour la science. Depuis, j'ai compris que c'est une réaction typique grâce à laquelle l'ordre règne chez les scientifiques. Un vrai chercheur doit ignorer les "grandes questions" qui peuvent faire douter. Le doute y est à peu près aussi mal vu que chez les staliniens. Ceux qui vont en philosophie sont un peu des réfugiés politiques".Traduction: j'ai raté mes finaux de chimie, alors j'ai décidé de faire philo. Mais c'est pas parce que j'ai rien compris aux cours, non, c'est parce que le savoir institué n'a rien compris à la vérité vraie que moi je détenais. Ah oui, et aussi les scientifiques sont des crétins, ils font tout pour ignorer les "grandes questions" et c'est que des fachos. J'ai préféré m'en éloigné, grâce à la physique quantique.
Pour ceux qui se posent la question, sachez que j'ai lu certains livres de Stengers, et j'avais alors ressenti une tristesse comparable à celle qui m'avait étreint lorsque j'avais tenté de lire Roudinesco. C'est qu'à partir d'un certain degré, la bêtise ne met plus en colère, elle file juste le cafard. Un exemple particulièrement déprimant, c'est Médecins et Sorciers, co-écrit avec Tobie Nathan. L'horreur absolue, si j'arrive à remettre la main dessus, j'en parlerai peut-être un de ces jours, histoire d'exorciser ce mauvais moment de lecture que j'ai cherché à refouler sans grand succès depuis. Bref, avec Stengers, c'est de la mélancolie en bloc qui vous arrive dans la figure, toujours avec cet arrière-goût d'à-quoi-bon apte à vous fiche en l'air tous vos projets pour le reste de la journée, parfois de la semaine.
Mais au moins, dans cette interview, on comprend mieux la blessure narcissique qui travaille la malheureuse depuis tant d'années. Une carrière entière basée sur l'échec. "Perdue pour la science", certes, mais aussi perdue pour la philosophie, pour la littérature, pour la pensée. Bienvenue en France, où le dernier des losers peut mener une carrière en étant constamment, et fièrement, et peut-être même consciemment, dans l'erreur, sans que personne ne s'en offusque jamais et sans se faire mettre à la porte. Voici comment tout à commencé, apparemment:
"...Prigogine était avant tout un physicien. C'était mon boulot que de penser les conséquences de ses travaux".C'est un mythe qui est très important pour que de nombreuses personnes puissent conserver leur travail dans les universités: les scientifiques découvrent des trucs et établissent des faits, mais ils n'ont strictement aucune idée de leurs conséquences. Ce sont des autistes un peu rigolos, un peu patauds, qui font des équations compliquées que personne ne comprend, mais ils n'ont aucune idée de la manière dont ils travaillent, des forces politiques, historiques et sociales qui traversent leurs pratiques, des implications culturelles et éthiques de leurs travaux, et en plus de ça ils ne lisent pas de poésie, ne vont pas au musée et détestent l'humanité. Les malheureux, ils ont besoin de philosophes et de sociologues des sciences, voire même d'anthropologues, pour que leurs équations inhumaines soient remises en perspective pour le bien de l'humanité. Science sans conscience, hein, comme chacun sait. Et dans l'humanité, il y a aussi des minorités et des opprimés, choses dont les scientifiques se fichent complètement, mais que les génies de la réflexion humaniste sont heureusement prompts à sauver héroïquement de leurs mains nues. Mais allez leur expliquer, aux scientifiques, que la réalité n'est rien d'autre qu'un discours. Ces idiots n'ont même jamais entendu parler d'inter-textualité, c'est à se demander comment ils parviennent à faire leurs besoins proprement. Ainsi, pour ce qui concerne la thermodynamique, Isabelle Stengers a contribué à..., euh, enfin, réfléchir aux conséquences du truc et à, euh, sa place dans l'histoire des sciences, enfin tout ça quoi. Elle y a contribué un max, et si t'es pas content, et bien elle s'en fiche parce que de toute façon elle ne t'aime pas, du fait que tu poses trop de questions et que tu es l'ennemi. Incomestible, elle est. Faudra t'y faire.
Bon, le reste de l'interview est assez insipide, on apprend qu'Isabelle Stengers est anticapitaliste, et qu'elle est du côté de la veuve et de l'opprimé. C'est encore une de ces rebelles dont l'énergie est entièrement canalisée par le besoin permanent de se savoir dans le camp des gentils. Oui, isabelle, tu es dans le camp des gentils, ne t'inquiète pas. Les scientifiques, c'est des méchants pas drôles vendus au système; les sorcières, c'est des femmes courageuses et vaillantes qui ne craignent pas d'envisager un autre modèle de société; les drogués, c'est des révoltés qui disent merde au système; l'hypnose, c'est une écharde embarrassante sous le pied des savoirs officiels; etc. D'ailleurs, il y a des évidences que le paradigme capitaliste et scientiste dominant n'ose pas dire, comme par exemple:
"La barbarie, c'est lorsque ce qui était intolérable devient toléré puis normal".
Oui, comme par exemple l'homosexualité, l'avortement, les couples interraciaux, etc. C'est une citation très juste et très belle d'Isabelle Stengers, elle aurait vraiment eu tort de réfléchir avant de la dire.
L'interview est visible en vidéo sur le site de Siné Hebdo, mais je ne vous la recommande pas. Méfie-toi Siné, tu sais bien où la fréquentation de philosophes de deuxième zone a mené ton vieux pote Philippe Val. On est quelqu'uns à ne pas vouloir te voir suivre la même pente dans l'irrationnel...
L'interview est visible en vidéo sur le site de Siné Hebdo, mais je ne vous la recommande pas. Méfie-toi Siné, tu sais bien où la fréquentation de philosophes de deuxième zone a mené ton vieux pote Philippe Val. On est quelqu'uns à ne pas vouloir te voir suivre la même pente dans l'irrationnel...
pour dire que stengers se considéère comme une gentille et qu'elle considère les scientifiques comme méchants, il faut ne pas l'avoir lue.... ou ne pas savoir lire ???
RépondreSupprimerah oui, et phD student en neurosciences... donc totalement engagé par ce qu'elle requiert pour penser
donc, au lieu de sortir des âneries pleines de mauvaises fois, il faudra que tu te situes par rapport à la science et à son histoire...
allez !! fais trembler les synapses au lieu de les photographier
Je désapprouve les salades de Stengers, donc je ne l'ai pas lue, ou si je l'ai lue c'est que je n'ai pas lu correctement.
RépondreSupprimerJ'en ai un peu marre des gens sur l'internet.
salades ?
RépondreSupprimermais tu fais un texte, essentiellement rempli d'affirmations péremptoires, et non-basées sur son travail, où tu déblatère une sorte de répulsion complètement subjective, puis tu regrette que l'on te fasse une remarque remettant en doute le fait que tu sache de quoi tu parle...
tu écris quelque chose, qui est public, tu en réponds...
mais que ce soit le texte sur stengers ou ton commentaire sur le mien, tu affirme sans rien étayer
ce n'est pas parce que tu désapprouve stengers que je mets en doute ta connaissance du sujet
mais quand tu parle de elle comme "post-moderne"
puis qu'ensuite, et c'était donc ma première remarque, tu dis qu'elle pense que les scientifiques sont des méchants et elle, la philosophe, se considère comme une gentille, alors je réitère : tu ne l'as pas lu, ou tu ne la comprend pas, parce qu'elle écrit et enseigne justement la passion des sciences.
tous ses livres sont un hommage à cette aventure complexe et risquée que sont les découvertes scientifiques
c'était d'ailleurs le sens de ma première remarque à laquelle tu n'as pas répondu
en ce sens, ton commentaire sur le mien est biaisé et "cherche" à biaiser la discussion, puisque tu passe tout de suite, sur un mode ironique au fait que ta désapprobation est contestée, alors que je constatais juste que, écrivant ce que tu écris, tu ne dois pas l'avoir lue, ou comprise, exactement comme si, à l'affirmation qui me dirait que Kant défend la position selon laquelle il y a une transparence entre la chose en soi et le sujet connaissant, je répondrais que celui qui dit cela n'a pas lu kant, ou l'a mal lu...
effectivement, il y a beaucoup de salades sur internet, tu as raison
moi, pour ma part, je m'en préserve, je n'ai pas de blogs où j'expose mes petites pensées personnelles sur des sujets que je ne connais pas
alors je te conseille ceci, cher blogueur
http://lebloglepluscourt.blogspot.com