Un peu de live blogging...
Voici un petit compte rendu d'un film que j'ai regardé il y a quelques jours sur TF1. Je l'avais déjà repéré au vidéo club (oui je sais, "vidéo club" ça fait ringard), mais ça tombait plutôt bien de zapper dessus par hasard. "La voix des morts", ça s'appelle (White Noise en anglais).
Avertissement: ne lisez pas ce qui suit, ça n'en vaut pas le coup.Ok, allons-y quand même, et tant pis pour vous si vous êtes encore là: ça commence par une citation de Thomas Edison, dont on connaît le projet saugrenu d'inventer une machine pour communiquer avec l'au-delà (rappelez-moi d'écrire un truc là-dessus un des ces jours, l'histoire en vaut le coups). Ensuite, il y a une définition de la TCI (transcommunication instrumentale), avec quelques lignes qui nous assurent que cette pratique est apparue en 1939, et fait depuis "l'objet de recherches scientifiques pour prouver la survie après la mort", ou quelque chose comme ça, je cite de mémoire.
C'est un film avec Julien Lepers. Quelqu'un a-t-il déjà vu Julien Lepers et Michael Keaton ensemble dans la même pièce? Non, tout porte donc à croire qu'il s'agit d'une seule et même personne. Ou du moins c'est le genre de raisonnement qui devrait vous permettre de bien entrer dans le caractère prodigieusement irrationnel et stupide de ce film.
Bon, autant le dire tout de suite, j'aime bien les mystères, le fantastique et la science-fiction. J'aime beaucoup les
nanards aussi. Mais les mauvais films, c'est-à-dire
seulement mauvais et même pas drôles, ça je peux pas. Je ne suis pas le seul à le penser, ce machin a péniblement gagné 8% de suffrages
sur Rotten Tomatoes. C'est moins que l'Exorciste II: l'hérétique (14%), largement considéré comme un des pires films de toute l'histoire de l'humanité (essayez seulement de le voir en entier, ça relève de l'exploit).
Bon, au début du film tout le monde est heureux. Julien Lepers et sa femme vont avoir un bébé. Il se rend au boulot. Il rentre et sa femme n'est pas à la maison. Elle a laissé un message sur le répondeur, message qui est mystérieusement interrompu. Elle ne rentre pas de la nuit. Lepers s'inquiète un peu. Le temps passe, c'est-à-dire qu'on voit des horloges passer, superposées à l'image, pour qu'on comprenne bien que le temps passe. C'est du bon cinéma. A 2.30 du matin, la radio s'allume toute seule, il y a comme un bruit indistinct. Et bon, au petit matin, on apprend que sa femme a disparu inexplicablement, et sa bagnole retrouvée au bord d'une rivière, vide. Comme c'est une écrivain connue, la femme à Lepers, l'affaire est dans toutes les nouvelles. Les jours suivants, le pétillant animateur constate qu'une grosse voiture le suit partout, avec un gros monsieur dedans. Le type s'appelle Raymond Price, il explique qu'il a capté des messages de sa femme de "l'autre côté". Il a des preuves qu'elle est morte et qu'elle essaie de "communiquer". Raymond a des contacts depuis longtemps avec son propre fils mort, il sait donc de quoi il parle. Keaton est sceptique, bien sûr. C'est une réaction typique des croyants et des charlatans, au début ils sont toujours sceptiques, et c'est seulement après qu'ils se laissent convaincre par un examen soigneux des
preuves. Alors ils deviennent des vrais charlatans, et ne sont plus sceptiques du tout. (voir cette
jolie tentative par Peter Lamont d'examiner ce sujet).
Je continue. Un soir la police se pointe, manifestement ils vont annoncer à Keaton que sa femme est morte. Voila, il est triste, il pleure. Plus tard, il se retrouve coincé (mystérieusement) dans un ascenseur, et reçoit un appel sur son portable. Le nom d'Anna - sa femme! -, s'inscrit sur son cadran! Il rentre précipitamment chez lui, et reçoit à nouveau l'appel du portable fantôme. Mais personne ne parle quand il essaie de répondre. Brrrrr, que de mystères mystérieux. Le lendemain matin, c'est un appel sur son répondeur qui l'attend. "Vous avez un message" ça dit, qui date du moment où sa femme est apparemment morte: il entend furtivement ce qui ressemble à la voix de sa femme défunte dire son nom "Julien Lepers", puis le message s'auto-efface. Julien ne comprend plus rien, il chuchote "Oh mon Dieu". Mystère.
Il décide alors d'aller voir le gros monsieur Raymond Price, qui aide les gens à communiquer avec des gens morts. C'est quelque chose qui fait beaucoup de bien à tout le monde, on pleure à chaudes larmes et on boit du thé. Le mec est bourré de matos hyper-sophistiqué. Il explique ce qu'est la TCI: "beaucoup de gens nous prennent pour des dingues". Meuh non voyons. Attention, il n'est pas médium, ne mélangeons pas tout, il capte juste des messages de l'au-delà sur un magnéto ou une télé pourrie, et il enregistre le tout. Lepers-Keaton ne semble pas convaincu, il fait une grimace genre "qu'est ce que c'est que ce dingue?". Mais Raymond dispose d'un enregistrement de sa femme morte: il lui fait écouter. Parmi les enregistrement on entend distinctement des chuchotements dire des trucs. Keaton-Lepers semble immédiatement convaincu, il pleure à chaudes larmes, juste au moment où on lui apporte du thé. "C'est une expérience bouleversante", "c'est indescriptible", le dialogue prend des hauteurs quasi-métaphysiques. Vite une bonne gorgée de thé bien chaud.
Bon, on s'emmerde un peu quand même. Keaton rentre chez lui pour jouer à Questions pour un Champion, euh non, il met juste une cassette dans une radio et demande à sa femme de lui parler. A part des grésillements, pas de grand succès. Le film date de 2005, on trouvait encore des "cassettes" à ce moment là? Il semble que oui. A partir de ce moment, il va enregistrer en permanence et se passer les bandes pendant la journée. Gare, ne surtout pas faire ça dans sa voiture, on peut avoir un accident (évité
de justesse, voila qui apporte beaucoup à l'intrigue déjà trépidante du film). Lepers retourne chez Raymond le gros, qui continue à enregistrer avec son matos super technologique. Il transfère ses enregistrements sur son "disque-dur". Raymond a un ordinateur! Pendant qu'il tripote les sons, Lepers commence a voir des fantômes et a entendre des cris de méchants. C'est qu'il y a des gens pas très gentils de l'autre côté, lui dit Raymond, qui n'aiment pas que les vivants écoutent leurs conversations. C'est une grande leçon de morale, à retenir. L'au-delà et plein de méchants morts qui n'aiment pas les gentils vivants.
Bon, ça continue avec les grésillements. Toujours pas de véritable message très convaincant. On peut s'attendre à voir la femme-morte apparaître sur un écran plasma vers la fin du film, ou une connerie comme ça. Changement de décors, Lepers-Keaton retourne au milieu de la nuit chez Raymond, et constate que le gros est mort, enseveli sous son matos super-technologique. Un coup dur, mais que de mystères qui s'épaississent.
Le malheureux veuf passe désormais tout son temps devant des écrans de TV, à mater de la neige. On se demande bien ce qu'il enregistre exactement, il faut bien choisir une chaîne, ou un canal, non? Bon, toujours rien, après des jours et des jours; Keaton se décourage. Il va alors voir une médium, mais on voit tout de suite que c'est une incapable, elle fait plein d'erreurs. Mais ce n'est pas une escroc, elle voit qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Elle dit que la TCI c'est pas bien. S'ensuit un dialogue extraordinaire, j'ignorais qu'il y avait un conflit entre médiums et TCI. C'est qu'il ne faut pas faire n'importe quoi avec le monde des morts, il y a des dangers. Mais on retiendra néanmoins que les médiums et la TCI, c'est tout pour de vrai.
C'est un film vraiment nul, je vous avais prévenu. Poursuivons néanmoins. A force de regarder ses écrans de TV, Lepers finit pas voir quelque chose. Mais c'est assez indistinct, des visages, des chuchotements, de voix, trois silhouettes noires... Les morts, de toute évidence, passent leur temps à faire coucou à des caméras fantômes. Avec tous ces messages qu'il parvient à capter, Julien-"Pour le Plaisir"-Lepers peut faire le bien autour de lui et réconforter les gens. C'est un message absolument merveilleux: ce serait en effet bien triste que la mort ce soit purement et simplement la fin. Non, même une fois mort on peut continuer à se taper des navets en compagnie d'idiots.
Ok, à la surprise générale, un jour Keapers-Leton finit par voir sa femme morte. Dans la télé de l'au-delà de la mort. C'est très émouvant, heureusement que Keaton est un acteur prodigieux, sans quoi la scène serait un peu embarrassante. Mais que de mystères tout de même.
Par la suite une intrigue des plus poussives se met en place, et je dois avouer que je commence un peu à fatiguer. Aller, un petit effort. Il faut comprendre que les gens qui ont consulté Raymond Price laissent des messages à Keaton-Leonard, puis ils meurent, sauf que sa femme-morte-de-l'au-delà lui indique qu'ils vont mourir peu avant, de sorte à lui laisser le temps de les sauver, ou quelque chose dans ce genre. Enfin bon, il faut bien essayer de faire un film hein.
Le machin traîne en longueur, il y a des apparitions, des scènes cheaps et inutiles. Un soir, notre héros retourne chez lui, et tout est mis sans dessus-dessous. Un nouveau message a été laissé sur son ordinateur. On comprend qu'on se dirige vers la scène finale, qui promet d'être dantesque. Cela se passe, bien entendu, sur un lieu désaffecté. Toujours bon ça, le lieu désaffecté. Là dedans, il découvre une sorte de salle qui contient le même genre de matériel vidéo et informatique qu'il utilisait lui-même pour capter des messages. Tiens donc, est-ce qu'on aurait là une idée intéressante? Probablement pas. Mais c'est quand même diablement mystérieux. Il voit alors le
fantôme de sa femme qui lui suggère de partir là, maintenant, tout de suite. Tout cela est vraiment très mystérieux. Encore une autre salle, cette fois-ci avec plein d'instruments chirurgicaux, ou alors de torture. Oui, c'est ça, probablement de torture. C'est lent et mou pour une scène finale dantesque sur un lieu désaffecté. Mais bon, voila qu'il découvre enfin le pot-aux-roses, après moults pérégrinations sur le lieu désaffecté. Enfin, c'est-à-dire qu'on est censé comprendre qu'il s'agit du pot-aux-roses, bien que la scène en question soit prodigieusement confuse et stupide. Mais bon, tout est bien qui communique bien à la fin, et les morts retrouvent les morts pour continuer à s'emmerder dans l'au-delà. J'espère juste qu'ils ont des meilleurs films là-bas. Voila, c'est la fin (non sérieux, ça finit comme ça).
Ah non, pardon, comme si le film n'était pas suffisamment ridicule comme ça, il se termine vraiment avec le message suivant sur l'écran:
"Sur les milliers de message de TCI, environ 1 sur 12 a un caractère menaçant."
Oui, je n'invente rien. Environ 1 sur 12. C'est-à-dire environ 8.33% si on veut vraiment avoir l'air scientifique. C'est que la TCI, ce n'est pas du pipeau. Il y a même
un journal scientifique de très haut niveau entièrement dévolu à la question. Je recommande le
numéro 32, Avril 2008, entièrement dévolu à la TCI avec les animaux. Du très haut vol. Pour en savoir plus sur ce phénomène étrange et fascinant, et entièrement grotesque, je vous recommande de visiter n'importe quel site sur le sujet à partir d'une recherche de quelques secondes sur Google, ça vous donnera d'emblée une idée assez bonne du niveau général de la "recherche" dans ce domaine. Tenez,
commencez ici, il y a même des images.
PS: j'apprends avec consternation qu'il existe une suite à ce film; ça s'appelle
White Noise 2: the light... Mais on m'assure tout de même que celui-ci est nettement meilleur que le premier. Peut-être, mais dans la mesure où j'ai été déjà bien dégoûté, je ne crois pas que je vais me donner la peine de subir encore des grésillements et des apparitions, en tout cas pas pour un bon moment.